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Quelle est la meilleure technique pour la macrophotographie ?
Un cliché très détaillé pris avec le focus stacking ou un cliché unique avec un arrière-plan flou et une faible profondeur de champ ?
Il n’y a pas de réponse définitive à cette question : cela relève des préférences de chacun. Toutefois, lorsque vous hésitez entre cliché unique et hyperfocus, certains facteurs sont à prendre en compte. Comparons le focus stacking à des clichés uniques d’un point de vue esthétique/visuel et technique/visuel. Bien qu’un niveau élevé de détails et de mise au point soit souhaitable en macrophotographie, les images créées à l’aide d’un focus stacking profond peuvent nous sembler « fausses » ou moins attrayantes visuellement.
Pourquoi ?
Lorsqu’une image ne semble pas naturelle ou qu’elle n'est pas comme nous avons l’habitude de la voir, notre œil et notre cerveau s’en rendent toujours compte, même inconsciemment. Bien que nous n'en ayons presque jamais conscience dans la vie de tous les jours, notre perception visuelle du monde qui nous entoure est dominée par la relation entre les zones nettes et floues. Le même concept peut être transposé à la photographie 1:1 et nous en apprend beaucoup sur la façon dont les images semblent parfois « non naturelles » ou « étranges » et pourquoi elles le sont.
Permettez-moi d’expliquer cela à l’aide de quelques exemples.
Esthétique axée sur les aspects visuels
Un cliché unique ou même un focus stacking composé de plusieurs images donne peu de profondeur de champ, alors qu'une image avec un focus stacking profond donnera :
- une transition naturelle entre zone nette et zone de flou (transition) ;
- des zones de flou beaucoup plus nombreuses, souvent uniformes et indistinctes ;
- une couche évidente (et donc un point) de mise au point.
Ceci nous confère une grande liberté créative en nous permettant d’attirer efficacement l’œil sur les zones d’intérêt.
Exemples
Une minuscule araignée sauteuse (Heliophanus sp.), cliché unique à main levée. Les yeux, les pattes et une paire de pattes sont mis au point pour créer une couche d’intérêt parfaite tout en gardant de nombreuses zones de flou, notamment un arrière-plan doux pour un rendu esthétique
Une araignée sauteuse (Marpissa muscosa) mâle photographiée à main levée, focus stacking de 3 clichés avec mise au point manuelle
Une araignée-crabe (Diaea dorsata) photographiée à main levée, focus stacking de 3 photos avec une mise au point manuelle
Mise au point technique sur les aspects visuels
En revanche, une image avec un focus stacking présente également des avantages.
La combinaison de plusieurs photos dans un focus stacking avec une plus grande profondeur de champ peut
- montrer davantage de détails et de textures
- mieux montrer le sujet (ou être totalement net)
Sur le plan technique, la maîtrise parfaite du focus stacking est très complexe. C'est sûrement le meilleur choix, en particulier lorsqu'il existe une grande variété de détails et de textures qu'une seule exposition ne parviendrait pas à capturer.
Exemples
Dans ce cas-ci, même un cliché unique présente des détails suffisamment nets pour photographier cette fascinante guêpe parasitoïde. Son thorax et sa tête sont nets, ce qui crée une excellente zone d’intérêt pour le spectateur.
Cliché unique, mise au point sur la tête et le thorax
Le cliché unique fonctionne également pour la deuxième photo en attirant cette fois notre attention sur le remarquable abdomen de l’animal avec son dard et son ovipositeur. Toutefois, la tête est légèrement floue, ce qui explique pourquoi la première photo est meilleure.
Cliché unique, mise au point sur l’abdomen et l’ovipositeur
Mon dernier choix a consisté à photographier la guêpe à l’aide du focus stacking. Ce dernier permet de montrer l’ensemble des détails et des textures intéressants de manière totalement nette tout en conservant une certaine esthétique. En effet, cette photo contient également des zones de flou, notamment au niveau des pattes et un arrière-plan avec un bokeh très doux.
Image prise avec un focus stacking dévoilant l’ensemble des parties du corps de la guêpe de manière très nette, à l’exception des pattes pour une expérience visuelle plus naturelle
Une araignée écorce Caerostris sexcuspidata photographiée à main levée, focus stacking de 15 photos avec mise au point manuelle pour montrer les nombreux détails et les différentes textures de l’apparence énigmatique de cette araignée camouflée
Un coléoptère (Byrrhus sp.) photographié à main levée, focus stacking de 5 photos avec mise au point manuelle pour montrer avec netteté tous les détails complexes de l'abdomen de l’animal
La nécessité du focus stacking
Certains réglages de l'appareil ont besoin du focus stacking pour que les images puissent être utilisables avec un certain grossissement. Ces réglages produisent des photos avec une profondeur de champ si faible que l’association de plusieurs couches de mise au point est nécessaire pour obtenir un bon rendu. Un réglage typique, comme celui mentionné au-dessus, consisterait à utiliser un reflex numérique plein cadre avec un objectif macro à un grossissement de 1:1 ou supérieur (tels que les objectifs allant jusqu’à un grossissement de 2:1 ou même de 5:1) à la plus petite distance de mise au point possible. Cependant, même avec un appareil photo micro 4/3 supérieur (en matière de profondeur de champ en sortie d’appareil), vous pouvez parfois avoir besoin d’une plus grande profondeur de champ et avoir recours au focus stacking.
Exemples
Il n'aurait pas été possible de capturer ce champignon mucilagineux avec un cliché unique, même avec le capteur MFT de l'OM-D E-M1 III. Le grossissement était important et l'appareil photo très proche de la scène.
La photo de gauche est le résultat final d'un focus stacking composé de 23 photos, alors que l’autre image est un cliché unique extrait de la séquence du focus stacking.
Myxomycète : résultat final d'un focus stacking de 23 photos individuelles prises à main levée avec une mise au point manuelle
Myxomycète : cliché unique extrait de la séquence du focus stacking
Les ailes de ce papillon de nuit présentent un très grand nombre de structures et de détails, ce qui en fait un sujet idéal pour utiliser un focus stacking, et j'ai donc finalement choisi cette approche plutôt qu'une seule photo. Tout simplement parce que, compte tenu de la taille (profondeur) du sujet, il aurait été très difficile avec une seule photo de montrer toutes les caractéristiques telles que la tête, les antennes, les pattes et les ailes dans leur intégralité.
Cette photo de ce papillon de nuit a été prise à main levée avec un focus stacking de 5 photos avec mise au point manuelle
Une seule photo de la même série ne comporte pas assez de zones nettes pour l’immense quantité de détails des ailes, des pattes et de la tête de l’insecte.
Les facteurs ci-dessous sont ceux qui influencent le plus la profondeur de champ d’une photo :
- la taille du sujet
- la distance entre l’appareil et le sujet
- le grossissement de l’objectif
- l’ouverture de l’objectif
- le format du capteur de l’appareil
Le travail supplémentaire
Le focus stacking, notamment celui réalisé manuellement, implique généralement un travail de post-production bien plus important.
Certains appareils, tels que les appareils OM System OM-D, peuvent réaliser un focus stacking directement dans l'appareil et font tout le travail pour le photographe en appuyant sur un bouton. Cette fonction est extrêmement utile, non seulement parce qu’elle permet de gagner du temps, mais aussi parce qu'il est très difficile de battre manuellement la précision de la technique du bracketing de la mise au point.
Si vous ne souhaitez pas passer trop de temps à retoucher vos photos sur votre ordinateur, je vous recommande d’utiliser un réglage avec une profondeur de champ maximale, car vous n'aurez à prendre qu'une seule photo, ou peut-être deux, mais certainement pas des dizaines !
Les limites du focus stacking
En plus de l’aspect parfois peu naturel des focus stacking profonds avec une profondeur de champ élevée, il y a d'autres aspects et défis à garder à l'esprit lors de la création d'un focus stacking de ce type.
Le mouvement du sujet
Si le sujet se déplace quand vous prenez une photo avec le focus stacking, vous perdrez potentiellement une fine couche de mise au point pendant que vous le « scannez », ou bien des images fantômes ou des structures répétées seront peuvent apparaître lors du processus de fusion des photos.
Plus vous prenez de photos pour le focus stacking, plus le processus prend du temps, plus il y aura de risques de mouvements ou d'erreurs.
Il est essentiel de déterminer le nombre optimal d’étapes pour le focus stacking afin de l’exploiter au mieux.
Exemple
L’image suivante est un focus stacking d’un Ocypus olens en position de défense, abaissant lentement son abdomen surélevé, pile au moment où je prenais les photos du focus stacking.
Il était impossible d'obtenir un focus stacking de l'ensemble de l'animal car l'abdomen en mouvement n'était jamais complètement net, j'ai donc décidé de me concentrer sur la tête.
La transition entre les zones nettes et les zones de flou
Comment nous l’avons mentionné auparavant, notre œil et notre cerveau savent distinguer une image naturelle ou normale d’une photo qui ne l’est pas.
En ayant recours à un nombre inférieur d’étapes et de photos pour le focus stacking, vous obtiendrez une transition moins abrupte entre les zones nettes et les zones de flou.
C’est particulièrement vrai pour les textures du sol, par exemple. Passer brusquement d'une zone nette à une zone floue très douce et veloutée n'est pas naturel.
Conseil : je prends généralement beaucoup plus de photos que nécessaire pour le focus stacking final. Comme ça, je m’assure d’avoir assez de matière pour vérifier les zones nettes et surtout leurs transitions. J’utilise rarement la totalité des photos que j’ai prises.
Conclusion
Comme je l’ai déjà mentionné, il n’y a pas de « bon » ou de « mauvais » choix : tout dépend des goûts de chacun. Cependant, une photo qui manque de naturel irrite nos yeux et notre cerveau. On ne la percevra pas de la même manière qu’une photo « naturelle ». Quand on fait des photos en utlisant la technique du focus stacking, il est logique d’essayer de les rendre aussi naturelles que possible. Cela s’applique à la largeur de profondeur de champ ainsi qu’à la transition entre les zones nettes et les zones floues. Si le contraste est trop marqué, le rendu sera peu naturel et peu esthétique selon moi. Prenons un exemple concret : vous voyez ici deux photos dans lesquelles la partie la plus importante du sujet, les yeux, est nette. Cependant, alors que la seconde (la photo unique) n'a pas une profondeur de champ suffisante pour présenter aux yeux du spectateur une zone de mise au point suffisante, l'image de gauche est un focus stacking de 4 photos qui augmente considérablement la zone de mise au point sans perdre son aspect naturel. Je pourrais très bien la faire passer pour une seule photo et personne ne remarquerait qu'il s'agit en fait d'une photo faite avec le focus stacking.
Le focus stacking (5 images)
La photo unique
Conseil : pour un rendu naturel, essayez de créer focus stacking pour le sujet, puis de le déguiser en un cliché unique en créant une transition douce au niveau de l’arrière-plan et du sol. Pour cela, je vous recommande vivement de toujours conserver les différentes images d’un focus stacking, même si elles sont fusionnées dans l'appareil photo.
Ne choisissez pas une grande profondeur de champ uniquement parce que vous voulez faire du focus stacking.
Réfléchissez aux raisons ainsi qu’aux situations dans lesquelles le focus stacking pourrait être plus efficace qu’un cliché unique et assurez-vous que sa perception soit naturelle. Le choix entre cliché unique ou focus stacking influencera grandement l’orientation esthétique de la photo finale.
Produits présentés
- [M.Zuiko Digital ED 60 mm F2.8 Macro]
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